Les Vendanges et le Vin de Samos, dans le passé – Les préparatifs

Les Vendanges et le Vin de Samos, dans le passé – Les préparatifs

Les Vendanges et le Vin de Samos, dans le passé – Les préparatifs

 

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D’après les témoignages que fournissent les anciens viticulteurs de Samos, les vendanges étaient une « fête » estivale qui s’étendait sur plusieurs jours et concernait toute l’île.
Comme ils expliquent, les préparatifs commençaient bien avant. Dans tous les villages viticoles, on nettoyait soigneusement les rues, pour en éloigner les branches et les ronces. On réparait également les doussimèdes (les ruelles pavées). Les viticulteurs préparaient les stafylosakoùles (sacs à raisins) en veillant à ce qu’ils soient tous équipés des krikèles (anneaux) et des cordelettes permettant de les attacher. On veillait à bien raccommoder le moindre petit trou. Ensuite, c’était le tour des paniers, qui portaient des noms tels que galikia, kofines, kofes et selèdes. L’on préparait également les outils coupants, dénommés katsoùnia, kats’nakia ou encore katsoùnes (pour les plus grands outils) que l’on affûtait afin qu’ils soient bien tranchants.

Aux jours des vendanges, tous les villages recevaient la visites des sidérades (forgerons) qui vendaient de nouveaux katsoùnia, les pramateftades (marchands ambulants), les kalathàdes (mandeliers) et les matrampaz’des (marchands de bétail). Les ânes et les chevaux étaient conduits chez le maréchal-ferrant afin que les fers à cheval ne glissent pas sur les doussimèdes (les ruelles pavées). L’on rembourrait de paille les bâts, pour que les bêtes ne soient pas blessées à causes des lourdes charges.

Lorsque le délàlis (le crieur public) annonçait l’ouverture de la posta, l’animation montait de plusieurs crans. Les viticulteurs quittaient leur foyer aux premières lueurs du jour pour se rendre au vignoble, voir si les raisins devaient être coupés (c’est-à-dire, s’ils étaient mûrs) et immédiatement organiser la suite des opérations avec les kouritsa (littéralement, les filles, les ouvrières), les kouvalitàdes (les hommes chargés de transporter la production) et les agogiàtes (les muletiers), pour les vendanges.
L’on trouvait des sites de réception de la vendange dans toutes les zones viticoles de Samos et, dans certains grands villages viticoles, il y en avait plus d’un. Propres, blanchis à la chaux, le personnel prêt et l’équipement en place, ils attendaient la récolte (le maxouli).

Lorsque le soleil se levait sur le jour de la vendange, tout le village était déjà sur un pied de guerre. Dans les vignobles, les ouvriers portaient des chemises à manches longues, pour se protéger contre les mouchritses et les davanos (des insectes) et des chapeaux de paille que l’on attachait sous le menton à l’aide de foulards, pour se protéger contre le soleil.

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Le Vin de l’île de Samos : la Vendange dans le temps – De la vigne à la réception

Le Vin de l’île de Samos : la Vendange dans le temps – De la vigne à la réception

Le Vin de l’île de Samos : la Vendange dans le temps – De la vigne à la réception

 

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Les vendanges à Samos étaient une tâche pénible mais elles étaient également l’occasion de renforcer les liens sociaux et de travailler ensemble. « Chilia goumaria » (Mille chargements), c’était le vœu qui dominait. Et les vœux se succédaient.

Les ouvriers, penchés, coupaient, les porteurs, s’affairant parmi les vignes, vidaient les paniers. Le plus expérimenté, choisissait les raisins les plus mûrs et les plaçait tout en bas dans les sacs, pour que « le grade soit bon ».

Lorsque le gomàri (le chargement) était prêt, on le chargeait pour l’acheminer vers le site de réception des raisins (Stafylodochos). Le vigneron criait au muletier « ta matia’s tessera, mi chasoumi to grado » (fais gaffe qu’on ne perde pas le grade). (Un gomàri équivalait à 133 kilos et 14 grades).

À la réception des raisins, le contremaître coordonnait les tâches. Les ouvriers s’affairaient en transportant des outils, en roulant les fûts destinés au moût, des entonnoirs et des balances.  Chargés de la précieuse récolte, les animaux se massent et forment une longue file. Les muletiers commencent à grogner, car cela prend du temps et ils sont pressés de retourner pour prendre le prochain agoï (chargement).

Lorsque leur tour vient, les raisins sont déchargés sur la balance. Le peseur, aux gestes rapides, fait remonter et descendre les poids. Il pèse, crie haut et fort le nom et les kilos, pour que le grafiàs (le scribe) l’entende. Ensuite, on vide le tout, en veillant bien à ce que ne s’éparpille pas la katsoula (les raisins mûrs).

Un ouvrier, à l’aide d’une pirouna (fourche), prend les raisins pour les mettre dans le mastello, un récipient en bois, afin de les fouler. Aux gestes rapides, il foulait les raisins, les égouttait bien et plaçait le moût dans le tsouko, un récipient qui, au milieu, était équipé d’un filtre, comme un égouttoir, il mélangeait le tout et remplissait le grado.

Le gradarstis, l’homme chargé d’établir le grade, crie le degré. Si on n’était pas d’accord, on effectuait la même tâche jusqu’à trois fois, et on consignait la moyenne. Toutes ces données étaient consignées par le grafiàs qui délivrait le document de réception.
Ces documents étaient réunis par chaque producteur, afin de recouper les données, par la suite, avec la Coopérative.

Partant du site de réception de chaque village, les raisins étaient chargés sur des camions et acheminés vers la cave de vinification de la Coopérative, à Malagari. De même, le moût était collecté des réservoirs, remplissait de grands fûts qui étaient acheminés le plus rapidement possible vers la cave de vinification, afin que le processus de fermentation ne commence pas.

Les ânes qui transportaient les chargements, empruntaient les ruelles étroites et pavées des villages, par où un seul animal pouvait passer, à la fois. La priorité était évidemment accordée aux animaux chargés, c’est pourquoi, lorsqu’ils pénétraient dans les ruelles étroites, les muletiers criaient pour avertir les autres, qui n’étaient pas chargés, afin qu’ils se mettent sur le côté.

Une fois les vendanges achevées, l’on commençait les calculs, pour voir si cela avait été une bonne année ou pas. Dans les cafés, on débattait et on délibérait sur la chose. L’on amenait les documents de réception à la Coopérative, pour recouper les quantités, se mettre d’accord et attendre l’avance qui devait être payée vers Noël et était l’évènement de l’année.

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Les Vendanges et le Vin de Samos, dans le passé – La vie quotidienne

Les Vendanges et le Vin de Samos, dans le passé – La vie quotidienne

Les Vendanges et le Vin de Samos, dans le passé – La vie quotidienne

 

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Les vendanges sur l’île de Samos disposaient de leur propre code social de travail collectif. Elles étaient toujours synonymes de partage, un banquet d’esprit de communauté. Les vendanges étaient aussi une affaire de famille, pour chaque vigneron. Tous les membres de la famille y participaient, y compris les jeunes enfants qui amenaient de l’eau aux vendangeurs pour les désaltérer. Les souvenirs de décennies passées indiquent que, lors de la première pause de la journée (vers 10h30) tous les vendangeurs se réunissaient sous un grand arbre pour manger le kafalti.
Sur le sofras (une table en bois), dans un énorme récipient en terre cuite, la dame de maison avait préparé une salade aux tomates et aux pommes de terre cuites, avec beaucoup d’huile, des oignons, des poivrons, le tout accompagné de poissons salés et d’un grand pain au levain que l’on coupait à la main. Les ouvriers, assis tout autour, ayant retiré leur chapeau et baïldismenoi (éreintés), demandaient la jarre à l’eau froide, dont le bouchon était une pomme de pin.

Le repas de midi venait quelques heures plus tard, et ils le partageaient à nouveau, étant donné que la vendange durait jusqu’à une heure avancée de la soirée. En tout cas, l’ambiance était dominée par les rires, les taquineries, les chansons. Le soir, évidemment, on avait mal aux mains, aux jambes, dans le dos. En cas de coupure à cause du katsoùni, on appliquait un raisin sur la blessure. Si le saignement n’arrêtait pas, on y appliquait du konizo (une herbe hémostatique).

Les distances qui séparaient le village des vignobles étaient longues et, les parcourir à pied, était un véritable exploit. Mais, comme on était habitué aux difficultés, on ne se plaignait pas mais affrontait les peines avec le sourire. L’on voyait des femmes âgées et des enfants, travailler patiemment toute la journée. Le soir, elles rentraient empruntant les sentiers accidentés des villages de montagne de l’île, en portant leur panier chargé des raisins sélectionnés pour la maison. Mais, le lendemain matin, à l’aube, tout le monde était à nouveau là, aux vendanges.

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Les vendanges du vin muscat de Samos – De nos jours

Les vendanges du vin muscat de Samos – De nos jours

Les vendanges du vin muscat de Samos – De nos jours

 

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Les vendanges du vin muscat de Samos marquent toujours l’activité agricole dominante de l’île. D’après les témoignages des viticulteurs, les vendanges étaient (et sont) une fête estivale qui s’étend sur plusieurs jours, dans toute l’île. Les éléments qui ont changé sont :

  • Le moyen de transport : On est passé des ânes aux véhicules agricoles. Les kofines et les kofes, les paniers, sont en partie remplacés par les cageots. Mais, l’outil de coupe est toujours le katsoùni.
  • L’on ne livre plus les raisins aux stafylodochoi – les sites de réception. La production est dorénavant acheminée par les producteurs aux installations de vinification.

Les viticulteurs de Samos suivent les traditions de leurs ancêtres pour les vendanges, cet ensemble de tâches manuelles qui se déroulent en plein air et commencent au mois d’août pour s’achever fin septembre.

Le relief de l’île de Samos est particulier et les vignobles commencent dans les zones de plaine mais remontent jusqu’à une altitude de 1 100 mètres, sur le mont Karvounis. Les vignobles sont petits et les propriétés sont morcelées. Tout cela fait des vendanges une tâche pénible (et coûteuse).

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Les coutumes liées aux vendanges à Samos

Les coutumes liées aux vendanges à Samos

Les coutumes liées aux vendanges à Samos

 

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D’après les témoignages des viticulteurs de Samos, les principales coutumes observées pendant les vendanges étaient au nombre de deux :

Le mitzi et l’allaxia.

Le viticulteur qui avait besoin d’aide pour effectuer ses tâches fixait le lendemain comme journée de mitzi (le mot provient probablement du mot turc altéré metzàane signifiant don, grâce). Ce jour-là, les parents, les amis et d’autres gens du village se réunissaient au vignoble et y travaillaient sans être rémunérés. Le vigneron offrait du vin et des tragimata pantoia, c’est-à-dire, de la nourriture.

Il en allait de même dans les collectivités de l’île de Samos, tous les ans, le 14 novembre (à la Saint-Philippe) : on aidait les veuves qui avaient de jeunes enfants et qui n’avaient personne pour les aider dans les tâches viticoles.

L’allaxia était une coutume de solidarité qui est préservée de nos jours. Le vigneron demande qu’on l’aide aux vendanges et, à son tour, il aidera ceux qui le lui demandent. Allaxia vient du verbe allazo, qui signifie changer, échanger.

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Les variétés de vigne de Samos

Les variétés de vigne de Samos

Les variétés de vigne de Samos

 

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Vers la fin du 19ème siècle, le vin et les raisins secs ayant vu leur prix monter en flèche, les vignobles finirent par occuper une grande partie de l’île.

On y cultivait les principaux cépages suivants : “Agigarton, aétonychi, aïgiannitiko, arapaki, asproudi, avgoulato, vassilostafylo, giannakaki, gemero, eftakilo, katinparmaki, kariotaki, kartziotis, karydato, ktikaras, kirkisès, klarouda, kokkineli, krikionstafylo, kolokythato, kotzanitis, kountoura blanche et noire, koussantassiano, kritzanisto, lafka, marouda, moschodiafyllo, moschato blanc, mavro et anatoliko, begleri, begleri kroussandiano, xantho aetonychi, panagias klima, pempeozoumi, periki, proïmadi, ritino, rosaki, rousso samia, samozoumi, sapitis, seriki, sideritis, skylopnichtis, tzaoussi, tzekerdexidi, fokiano, chimoniatiko, chondrorritino, chondrostafylo”. À partir de ces cépages, les viticulteurs produisaient les vins de Samos et, en particulier, l’anthosmias.

Au cours du 20ème siècle, l’on abandonna progressivement plusieurs cépages et les vignobles furent dominés par le Moschato de Samos (muscat), donnant du vin blanc, et le Fokiano, donnant du vin rouge.

Les cépages Ritino, Avgoustiatis et, plus rarement, Mavro, Roditis et Kokkineli complètent l’image des vignobles de l’île de Samos. Ci-dessous, nous présentons quelques informations de base concernant les principaux cépages des vignobles de l’île.

MOSCHATO DE SAMOS

Le Moschato de Samos est également connu comme Moschato Aspro, Moschoudi, Moschostafylo. Il est caractérisé par une vivacité et une productivité moyennes. Le rendement varie entre 500 et 1 000 kg par stremma. Il s’agit d’une variété aromatique, cultivée en vue de la vinification. Le moschato de Samos est parfaitement adapté aux caractéristiques pédologiques de l’île, comme en témoignent les merveilleux vins qu’il donne.

FOKIANO
Cépage originaire d’Asie Mineure. Cultivé à Thessalonique, Chalcidique, dans les îles de la mer Égée et, par endroits, dans tout le pays. Fokiano est également connu sous le nom de Samiotiko, Damaskino ou Damaskinato et Erikaras [de « iri-Kara » : prune noire, en turc] Il s’agit d’une variété de productivité élevée, aux gros raisins rouges qui peuvent également être consommés comme fruits. La variété donne des vins rouges d’assez bonne qualité, caractérisés par un titre alcoométrique modéré, à acidité et robe moyennes.

RITINO
Le Ritino est un cépage rouge cultivé dans divers sites épars, en Grèce, tels qu’en Eubée, Magnésie, Samos, Ikaria et les îles Sporades. Il donne du vin à titre alcoométrique élevé, d’une bonne acidité et à robe moyenne. Il est caractérisé par sa vivacité, sa productivité et sa résistance à la sécheresse.

AVGOUSTIATIS
L’Avgoustiatis appartient à un groupe de cépages grecs particulièrement rares, cultivés sur de petites étendues, par un nombre limité de viticulteurs, mais dont les résultats sont de qualité remarquable. Il s’agit d’un cépage rouge, qui donne principalement des vins rouges secs qui permettent d’explorer les limites du vignoble mondial. Originaire de l’île de Zakynthos, il est également cultivé dans le Péloponnèse occidental et sur une petite étendue, à l’île de Samos. Le cépage Avgoustiatis donne des vins à la robe rouge foncé, profond et vif, et au bouquet composé de fruits rouges murs et d’herbes méditerranéennes. Ces vins vieillissent habituellement dans des fûts. Ils offrent une bouche ronde, un corps moyen aux tanins fins et au titre alcoométrique modéré à élevé.

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